Au cœur d’un été généreux en sorties, Fort Solis détonne. Le thriller SF du studio indépendant Fallen Leaf dispose d’arguments solides pour plaire à une large frange de joueurs. Son casting d’acteurs reconnus montre qu’il a mis toutes les chances de son côté pour que Fort Solis brille dans un genre particulier, mais qui plaît, le walking simulator. En général, marcher, ça fait du bien. Mais ces quelques heures passées sur la planète rouge vont mettre vos nerfs à rude épreuve.

Un scénario prenant, mais quelques écueils

Dans Fort Solis, vous incarnez Jack Leary. Un ingénieur en expédition sur une planète en proie à de violentes tempêtes de sable, Mars. Alors qu’il travaille avec sa collègue Jessica, un signal de détresse venant du Fort Solis va l’amener à se rendre dans la base. Malheureusement, ce qui se cache derrière cette alerte s’avère bien plus grave que prévu, alors que c’est la veille de ses vacances (le pauvre). Le scénario de Fort Solis met tout de même un peu de temps à décoller, mais à partir du moment où la mystérieuse base commence à dévoiler ses secrets, le rythme s’accélère, les événements s’enchaînent et on ne décroche jamais de cette histoire qui met particulièrement bien en valeur les personnages forts que sont Jack, Jessica et Wyatt.

Malheureusement, le soufflet retombe beaucoup trop vite. Fort Solis se termine en seulement quatre heures et expédie sa conclusion, nous laissant clairement sur notre faim alors que le jeu prenait son envol et allait de surprise en surprise.La direction prise par Fort Solis est vraiment originale et on sent que le studio fait tout pour déboussoler le joueur avec de fausses pistes et beaucoup de subtilité dans sa narration, mais sa fin brutale vient totalement couper cet élan. Un vrai regret. D’ailleurs, même la façon dont sont racontés les événements ne plaira pas à tout le monde.

Pour réellement comprendre ce qui se trame dans Fort Solis, il faut impérativement consulter les nombreux fichiers audio et vidéo à trouver dans la base. Étant donné que lire et écouter tout cela n’est en général pas obligatoire, il y a donc fort à parier qu’une partie des joueurs passera à côté d’éléments importants. Surtout, même si on prend plaisir à les chercher et à les découvrir, on finit par constater que leur contenu n’est quasiment pas abordé par les personnages dans la trame principale. Les révélations sont donc balayées d’un revers de la main et c’est le destin de notre héros qui devient central à l’intrigue. Fallen Leaf a oublié de se montrer didactique alors que le scénario avait clairement le potentiel pour faire encore mieux. Heureusement, une fois le jeu terminé, l’impression d’avoir vécu une aventure marquante est bien là. Si c’était la principale ambition du studio, c’est réussi, car lâcher la manette est très difficile quand l’envie de découvrir la vérité ne vous quitte pas. Même si celle-ci finit par nous faire un peu de mal.

Il faut aimer lire quand on joue à Fort Solis

Des acteurs fabuleux qui portent Fort Solis

Ce sentiment est accentué par l’atmosphère extrêmement pesante de Fort Solis. Du début à la fin, le titre nous met sous tension. Le sound design y est pour beaucoup avec des musiques d’ambiance réussies et un silence parfois lourd qui joue avec nos nerfs. Dans les environnements plus sombres, plus glauques, les jeux de lumière contribuent aussi à donner l’impression que la base est hostile, ce qui rend constamment méfiant. Fort Solis possède une identité forte particulièrement bien mise en valeur. Vos oreilles vont aussi se régaler grâce aux performances de Jack, Jessica et Wyatt. Ils sont respectivement incarnés par Roger Clark (Arthur Morgan dans RDR 2), Julia Brown (The Last Kingdom) et Troy Baker connu pour son rôle de Joel dans The Last of Us et que l’on retrouvera dans Death Stranding 2.

Le jeu d’acteur est absolument génial et contribue grandement à l’intensité et à l’émotion qui se dégagent des scènes fortes. La relation entre Jack et Jessica, qui sont constamment en communication, est aussi très réussie et ne manque pas d’humour. Bon, parfois, ça tombe à plat, non pas à cause de l’écriture, mais parce que les deux personnages ont tendance à se balancer des blagues à des moments très inappropriés. Des vannes en total décalage avec la gravité de la scène comme si ce qu’ils venaient de vivre n’avait absolument aucun impact psychologique sur eux. Dommage,ça casse un peu l’immersion.

Justement, l’absence de HUD renforce l’immersion et nous happe totalement. D’ailleurs, le jeu se déroule en plan séquence et ne comporte donc aucun chargement, ce qui est aussi très appréciable. Précisons également que lors de notre partie sur PS5, nous n’avons eu aucun ralentissement ou souci technique, que ce soit en mode qualité ou en mode performance. L’Unreal Engine 5 fait très bien son travail, car les textures et les modèles des personnages sont également très soignés.

Jack est très charismatique

Un gameplay limité dont on se contente

Le gameplay de Fort Solis est relativement simple, mais peut s’avérer déroutant pour ceux qui ne sont pas familiers de ce genre si particulier qu’est le walking simulator. Vous ne ferez quasiment que marcher pour vous déplacer, la course étant seulement possible quand les événements vous l’imposent. Il est vrai qu’à certains moments, une touche de marche rapide aurait été bienvenue, surtout lorsqu’il faut faire des allers-retours sur de grandes distances ou rejoindre une zone lointaine. D’autant que les déplacements de Jack sont plutôt lourds et des mouvements simples, comme un pas de côté ou se retourner, peuvent devenir une corvée. Pour ne pas aider, on peut facilement se perdre dans le Fort Solis à cause d’une carte pas très claire, ce qui amène quelques moments de frustration.

Au-delà de vous mouvoir dans les nombreuses zones du complexe, vous devrez interagir avec pléthore d’objets qui vous entourent, comme des ordinateurs, des documents ou des éléments qui ne sont là que pour amener de la consistance et de la crédibilité à l’universf. Il y a aussi quelques énigmes relativement simples, mais qui ont le mérite de casser un peu le rythme de l’aventure.

En revanche, les quelques QTE que l'on retrouve souvent dans des titres du genre, n’apportent pas grand-chose. Même si vous les manquez, cela ne changera absolument rien à la finalité de la scène. Il n'y aura pas de conséquences majeures sur la séquence dans sa globalité, et parfois, le QTE va même se réaliser tout seul si vous attendez trop. C'est ce qu'il s'est d'ailleurs produit lors du dernier passage du jeu, ce qui est regrettable, même si le directeur du titre James Tinsdale avait bien indiqué qu’il n’y aurait qu’une seule fin et aucun embranchement narratif.

Vous allez manger de la QTE